Le 23 mai 2016, le sénateur a lancé un appel à la ville morte et depuis, l’ancien commandant du Fis est recherché. Le procès s’est tenu, en toute discrétion, hier, et le verdict du Tpi d’Antananarivo est la prison ferme de 12 mois, selon des témoins qui ont assisté à l’audience.

On savait depuis le départ que le régime actuel ne ferait aucune concession  sur l’affaire du sénateur Lylison. Pour un petit rappel des faits, le sénateur élu de Mahajanga avait lancé un appel à la ville morte le soir du 23 mai 2016. A travers plusieurs chaînes de télévision et de radio privée de la capitale, il a lancé un appel à la mobilisation des Andrimasom-pokonolona au niveau de tous les « Fokontany ». Les partisans de cette opération devaient descendre dans la rue pour ériger des barrages et brûler des pneus sur toutes les rues et ruelles de la ville des Mille la matinée d’après. Cette initiative aurait été décidée pour mettre fin aux souffrances quotidiennes des malgaches, victimes de l’incompétence des dirigeants, mais aussi et surtout, pour contester le non-respect de la liberté d’expression et de la liberté d’opinion. L’appel lancé fut bien suivi dans quelques quartiers de la Capitale malgré la crainte des répressions par les forces de l’ordre. En parallèle, les autorités avaient enclenché la chasse à l’homme et une première perquisition avait été effectuée chez le sénateur de Mahajanga, restée infructueuse. Depuis, le régime n’a lâché du lest à aucun moment et le colonel Lylison reste introuvable. A court de solution sans doute et pour s’assurer de ne pas perdre, le régime a décidé hier de condamner ce dernier par contumace à un an de prison ferme notamment pour trouble à l’ordre public et atteinte à la sûreté de l’Etat. Il est clair maintenant que les tenants du pouvoir ne s’arrêteront que quand ce dernier sera mis au fer.

Préméditation

La notion de condamnation par contumace n’est pas encore très répandue à Madagascar, mais existe bel et bien et l’on peut supposer qu’elle a été puisée dans le droit pénal français. En terme simple, un procès par contumace et une condamnation par contumace désignent une décision judiciaire prononcée par un juge à l’issue d’un procès, en l’absence du condamné qui se trouve en état de fuite. Ce qui est le cas du sénateur Lylison actuellement. Tout ceci pour qu’il n’y ait pas prescription et donc pour que l’affaire puisse être jugée lorsqu’on aura arrêté le sénateur de Mahajanga. Mais le fait qu’il n’y ait ni débat ni représentation même de l’accusé par un avocat fait défaut dans ce genre de cas et avait déjà été condamné par la Cour européenne des droits de l’homme. Une nouvelle procédure dite de « défaut criminel » a d’ailleurs déjà été mis en place pour remplacer le procès par contumace, qui veut que si l’accusé n’est pas du tout représenté, le juge décide le report du procès au lieu de la condamnation. Mais cela, le pouvoir semble vouloir l’ignorer. En parallèle, on attend toujours la décision de la Haute Cour Constitutionnelle quant à ce que dit la Constitution sur le cas de ce dernier, absent au Sénat depuis un an déjà. Pourtant, son immunité n’a pas encore été levée non plus. A y regarder de plus près, on croirait presque que tout a été prémédité. Normalement, Lylison aura toujours droit de faire appel à la décision lorsqu’il réapparaitra et sera arrêté. En attendant, voilà un très joli cadeau de saint-valentin de la part des tenants du pouvoir au sénateur de Mahajanga, prouvant leur détermination à l’avoir coûte que coûte.

Oussa Fémal