L’observatoire des médias et de la communication ‘‘Ilontsera’’ a sorti dans la journée d’hier un communiqué constatant les faits et la situation dans la Grande île actuellement. Et cette organisation indépendante tout juste née il y a deux ans n’y est pas allée de main morte que ce soit vis-à-vis des médias, de la presse ou encore des politiques et des églises.

En quelques mots, Ilontsera parle d’une déchéance généralisée de toutes les forces de la Nation malgache et d’une dérive qui mènerait inévitablement à une nouvelle crise d’ici peu. En effet, le pays se trouverait dans « une période sensible pour le pays notamment à l’approche des échéances électorales de 2018. (et) Après d’une année de l’élection présidentielle, le régime en place et les oppositions ne cessent d’affûter leurs armes médiatiques ». D’autre part, les faits du moment comme la vindicte populaire, le délestage, l’insécurité, l’inflation etc. et la manipulation des informations les concernant par les médias concourent à rendre plus propice encore l’explosion sociale. Ainsi, le rôle premier des médias ne serait plus respecté actuellement et la presse ne va que dans le sens du plus offrant. « Au mieux, le « pluralisme de l’information » se confond au sensationnalisme (…) Un pluralisme de façade, voire de pseudo-démocratie, celui de l’autocensure, de la peur des menaces à l’encontre d’un organe de presse ou d’un journaliste lorsque les

« felaka » et la corruption ou l’« achat » ne suffisent pas », déclare Ilontsera dans son communiqué. Avant de reprendre : « ces derniers (…) n’ont plus de considération ni pour l’éthique, ni pour la déontologie, encore moins pour la moralité et l’intégrité, migrant d’un camp à un autre, d’un organe à un autre, sans honte ni vergogne, à la limite du délit d’initié, ruinant les idéaux de ce noble métier qu’est le journalisme ».

Le droit chemin

Et il n’y a pas que les médias et la presse que cette organisation montre du doigt. En effet, alors que l’on a l’habitude d’évoquer la responsabilité des politiciens, les églises sont aussi cette fois mis dans le panier comme acceptant d’être manipulées par les politiciens et servir délibérément de viviers d’électeurs pour ces derniers. N’en échappe pas les éternels politiciens de Madagascar auxquels le message suivant a été adressé : « à tous personnages publiques, politiques, religieux, au-delà de leur genre respectif et de leur statut, d’observer plus de décence, d’humilité, d’esprit civique, dans leurs comportements et attitudes ». Pourtant, le fait est qu’à Madagascar, les rôles de chacune des entités citées et « grondées » par Ilontsera se sont depuis longtemps imbriqués. En ce qui concerne plus particulièrement les médias, l’existence d’une ligne éditoriale est indissociable de la presse, et ne traduit pas obligatoirement une tendance politique. Ou encore une manipulation des informations dans un but purement politique. Certes, l’implication des médias peut être citée dans certaines situations mais cela ne signifie pas qu’il ne s’agit que d’un pluralisme de façade. Quoi qu’il en soit, Ilontsera semble vouloir ou a réellement décidé de remettre tout le monde sur le droit chemin et ce, en indiquant la voie à suivre.

Régis Kabary