Certains ministres ont dû rompre momentanément leur week-end, quitte à le prolonger par la suite en lundi magnifique, ou même leurs vacances … grandes puisqu’on croit savoir que durant ce régime, quand un ministre se déplace, c’est tout un département qui bouge ! Beaucoup l’ont surtout enregistré à l’aéroport d’Ivato lors d’un quelconque voyage d’une haute personnalité à l’intérieur du pays où toute une ribambelle de fonctionnaires, allant du protocole aux directeurs généraux et secrétaire général, se hâte pour souhaiter bon voyage au manitou. Et d’un autre côté, jamais, on n’a attendu parler d’un Conseil de Ministres qui se tient un samedi après-midi, à l’heure où les jeunes vont en « boum » ou en karaoke, où les parents se prélassent, où les futurs bacheliers sont en train de réviser et où surtout, les « madinika », c’est-à-dire, les 92% de la population et dont 87% sont endettés jusqu’au cou, craignent de n’avoir plus rien à manger puisque le lendemain dimanche, tout tournera plus au ralenti, encore plus que la vitesse constatée du ralentissement de la vie économique sous ce régime. Pour la semaine dernière par exemple, heureusement que la Capitale et les autres régions de l’île ont vécu au rythme de l’Afrobasket.
Et quel sacrifice donc pour ces hauts commis de l’Etat obligés de donner suite favorable à l’injonction du Chef de l’Etat pour ce conseil de ministres de samedi dernier et par conséquent, d’être bien présents, corps et âmes sans que la pensée soit partie vers des plages réservées et suites confortables qui les attendent déjà ou toujours -c’est selon- avec d’agréables, sûrement, compagnies ! Beaucoup savent aussi que dès la fin du Conseil des Ministres qui se tient habituellement dans l’après-midi mercredi, les ministres se préparent pour aller en tournée dans les provinces et régions, de préférence lointaines et surtout sur les côtes où toute l’administration locale est au chevet de ces … missionnaires ! Et oui, c’est bien le cas, et ce, allant aussi des fonctionnaires des communes jusqu’au Chef de la région concerné en passant par les opérateurs économiques, notamment hôteliers, tous se plient en quatre pour satisfaire les moindres besoins, dirons-nous bien pour une compréhension mutuelle,  les plus petites nécessités possibles et on ne sera plus étonné qu’un responsable étatique, par exemple, s’est permis de prendre une élève de 16 ans avec l’accord des responsables de l’enseignement des lieux et de la garder pour lui toute une nuit. Et évidemment, l’intérieur de la terre n’intéresse pas trop la haute sphère puisque cela manque d’exotisme. Miandrivazo ou Maevatanàna ne sont que de simples points de passage où personne ne voudrait y rester, ne serait-ce que quelques heures, à cause de la chaleur infernale y régnant tout au long de l’année. De même, pour Ambatolampy, Manjakandriana, Ankazobe, Arivonimamo avec le froid de gueux qui sévit dans ces localités, ou encore plus loin comme Kandreho, Bealanana ou Mandritsara. Pour constater le fait, les observateurs n’ont qu’à regarder le journal télévisé de la  télévision nationale du week-end et du début de semaine pour suivre le déplacement de ces membres du gouvernement !
Et dans ce genre de réunion à un jour et des heures incongrues, la rencontre ne dure jamais longtemps. Même le grand manitou, celui qui a convoqué, lui aussi est pressé de retrouver son « presidential home » douillet et les salamalecs et autres souhaits de bon retour au pays qui prennent un temps sérieux. En réalité, chacun veut être bien vu du Président et les « bala rora » doivent être bien conséquents. Si effectivement débuté à 15 heures pour ce conseil et selon le communiqué officiel, beaucoup se demandent combien de temps faut-il pour discuter, d’abord, de la nécessité évidente de la convocation d’une autre session extraordinaire, et puis de satisfaire l’exigence des étudiants sur la décapitation du Président de l’Université de Mahajanga. Mais la partie a pris fin à 16h30, heure très indiquée pour une sortie « afterwork » sauf bien sûr, si on est pressé pour partir ailleurs comme nous l’avons souligné plus haut. En somme, les deux parties gagnées : les ministres pourraient s’exempter de levée de couleurs ce lundi matin puisque les tournées ne sont pas encore terminées ou tout simplement, parce qu’ils ont dû travailler ce week-end. Et de l’autre côté des législatifs, 600 000 ariary comme indemnités sont déjà dans leurs poches pour chaque député et le marchandage pour faire passer les projets de loi dont surtout celle relative à la décentralisation peut commencer. En sus, tous s’en foutent éperdument si cela a un quelconque impact sur la vie socioéconomique des malgaches.

Jean Luc RAHAGA