Le déferlement de violence dans la partie sud de l’Ile crée une effervescente angoisse qui amène les gens à une sorte de repli sur soi. Il a été pourtant des périodes d’insécurité plus inquiétantes à Antananarivo comme dans les banlieues qui en font la ceinture. Les pires moments durant lesquels on a enregistré des accès de violence ont provoqué une psychose que la population paraissait entretenir voire amplifier comme pour évacuer sa peur en s’inventant des situations pour réaliser qu’il y a pire.
A l’écoute et à la lecture des actes d’une grande cruauté et des scènes d’une crue barbarie, dont le réalisme dépasse la fiction, la population se replie sur elle-même, fébrile et déboussolée ne sachant plus sur quelle puissance se reposer pour s’assurer une protection. C’est qu’il est difficile d’identifier l’ennemi et encore plus de deviner de quel côté penchera la victoire. Prudence dit-on, est mère de sûreté, aussi les gens manifestent une grande disponibilité à prêter écoute aux forces militaires, gendarmes et policiers, qui se déversent en conseils sans paraitre se rendre compte qu’assurer la sécurité publique relève de leur fonction et lorsque les circonstances les renvoient à leurs responsabilité mal assumée, faire profil bas leur siérait sûrement  mieux au moment de demander aux populations de venir les épauler ou tout simplement de prendre le relais. Faire appel à la conscience citoyenne pour prendre des initiatives ni tout à fait caractérisées de civisme ni figurant dans les valeurs républicaines (style appel à la délation), se justifierait en pareil cas d’exception si par ailleurs certains de ces hommes d’uniforme n’avaient pas auparavant versé dans un mélange de genres entre leur noble mission et les sordides intrigues politiciennes. Il ne s’agit surtout pas pour autant en cette période délicate de tomber dans le piège des images d’Epinal et de caricaturer tous les gens en raison d’une même appartenance dans un  moule unique. C’est ainsi souvent que prennent racines les chasses au faciès. Aussi si normales que soient les mesures de précaution adoptées par les pouvoirs publics afin de circonscrire dans ses régions d’origine le phénomène dahalo, la manière de le dire pour rassurer les autres parties de la population doit aussi faire l’objet de diligence, aussi lorsque l’on annonce que les gens sur l’axe venant du Sud doivent faire l’objet de contrôle sérieux, ça nécessite d’être dit avec clarté pour que tout le monde le prenne bien et que personne ne puisse mal l’interpréter.

Léon Razafitrimo