2014 devait être l’année du nouveau départ pour Madagascar, notamment grâce au nouveau président de la République élu démocratiquement par la voie des urnes.

Après plusieurs années de crises socio-politico-économiques, le pays aurait dû logiquement avancer vers le développement, ou du moins vers un semblant d’amélioration. En plus, l’élection présidentielle représentait la clé pour convaincre nos principaux bailleurs de fonds de nous offrir à nouveau leurs aides budgétaires. A l’heure actuelle, la crise devrait déjà être loin derrière et appartenir au passé mais ce n’est pas le cas. En effet, personne ne s’attendait à ce que le nouveau chef d’État ne soit qu’un affabulateur et incapable de diriger correctement un pays avec plus de 22 millions d’habitants, dont plus de 92% vivent dans la pauvreté et plus de 72%, dans l’extrême pauvreté. Si la lutte contre la pauvreté aurait dû être une des priorités du régime, les statistiques ne s’améliorent pas encore et pourtant, le numéro un actuel a déjà épuisé plus d’une année et demi de son mandat. Jusqu’à aujourd’hui, la majorité de la population a eu droit au changement, mais pas à celui auquel il s’attendait ni celui qu’il espérait.

Effectivement, les changements ont plutôt concerné les dirigeants qui ont opté pour une lutte contre leur pauvreté, de manière à ce qu’ils deviennent riches et que le reste de la population devienne plus pauvre. Ce n’est plus un secret pour tout le monde que les dirigeants actuels du pays cravatés en bleu courent après leurs intérêts personnels et les intérêts du parti politique qu’ils ont adhéré. Et pendant ce temps, personne ne s’occupe de la population qui doit se débrouiller comme à son habitude. Mais cela joue en faveur du régime dans la mesure où quand les dirigeants du régime actuel ont besoin de personnes dans leur rang, ils n’ont qu’à sortir quelques billets pour amadouer et payer quelques têtes pour les rassemblements généraux du parti, pour la commémoration d’une date historique, pour l’inauguration d’une construction ou pour le lancement d’un projet. C’est cela la politique de l’appauvrissement. Au lieu d’investir dans des projets sociaux vitaux pour le développement du pays et nécessaires pour la réduction de la pauvreté, le régime actuel préfère dépenser pour des futilités qui n’engendrent aucun changement direct sur la population. Nous pouvons même citer en exemple les Hautes Intensités de Main d’œuvre qui ne sont que des solutions à très courts termes, voire journalières. Au lieu d’investir dans des projets durables, le président de la République préfère de loin organiser un sommet francophone dont l’organisation nécessite la bagatelle de 90 millions de dollars.

Pourtant une telle somme, et même moins, permettrait d’accélérer l’adduction et le partage de l’eau potable dans toute la partie sud de l’île, d’autant plus que le Kéré y impose maintenant sa loi. Mais le cas du sommet de la francophonie n’est qu’un exemple parmi tant d’autres et la situation actuelle minée par une crise institutionnelle et plusieurs foyers de tensions n’en sont que le résultat logique. Pourtant, les dirigeants du régime actuel ne se pressent pas encore de déployer tous les moyens possibles pour éviter une nouvelle crise et pensent même encore à s’enrichir un peu plus avant que la situation soit totalement ingérable. En d’autres termes, le régime actuel lutte contre la population qui n’a pourtant juste besoin qu’on s’intéresse un peu à elle pour qu’elle n’ait pas à revenir dans les rues pour déloger le président de la République. L’année 2014 devait donc être l’année de sortie de crise du pays mais rien ne s’est fait. Nous ne sommes aujourd’hui qu’au milieu de l’année 2015, et cela sonne déjà comme le départ du chef d’État qui ne toujours encore rien pour améliorer son cas.

Laza Marovola