Plus que quatre jours avant que nous célébrions tous le jour où Madagascar a obtenu son indépendance sur le papier.

Effectivement, cela fera exactement 55 ans que nous aurions eu notre indépendance sur le papier, parce qu’en pratique, nous dépendons toujours des étrangers blancs et certains d’entre eux s’immiscent même encore dans la gestion du pays, à la seule différence qu’ils le font dans les coulisses de la politique. Mais que ce soit le cas, la grande majorité des malagasy attendent avec impatience le jour du 26 juin pour faire la fête, pour faire un petit break voire une pause sur un quotidien jonché de difficultés. Malgré les problèmes socio-politico-économiques qui peuvent exister, c’est tout naturellement que l’homme fait un trait dessus pour passer, même rien que le temps d’une journée, un moment en famille ou entre amis. En politique, c’est également la même chose d’autant plus qu’actuellement, certains évoquent déjà l’idée d’une trêve politique malgré l’existence de la crise institutionnelle opposant la Présidence et l’Assemblée nationale. Une trêve politique en dépit de la décision politique et non juridique de la Haute cour constitutionnelle concernant la requête de mise en accusation à fin de déchéance du président de la République. C’est comme cela, on fait d’abord comme si de rien n’était pour respecter la célébration du jour de l’obtention de l’indépendance. Le président de la République se plaît même à répéter que la fête de l’indépendance est l’occasion pour montrer son patriotisme. Toutefois, cela ne veut pas signifier pour autant que tout est fini ou que tout sera oublié même si la majorité, après plusieurs verres de Dzama 42 ou de Brighton « Zazakely » oublieront certainement quelque chose, tout comme les plus riches, après quelques verres de Johnny Walker. En effet, passé la célébration de la fête de l’indépendance, la vie reviendra à la normale même si l’après fête tombe un weekend pour le plus grand bonheur des fêtards invétérés. Après les fêtes à venir cette semaine, il faut s’attendre à ce que la vie reprenne son cours et de ce fait, les yeux seront de nouveau rivés sur le tête-à-tête entre les tenants du Palais d’Iavoloha et ceux de Tsimbazaza, sur l’éclatement entre les députés de Madagascar, sur la grève du personnel de la compagnie nationale aérienne ou celle du service des domaines. Compte tenu de ces différents foyers de tension actuellement en ébullition, la célébration de la fête de l’indépendance risque de n’être qu’un bref temps de pause pour que tous reviennent à la charge. En d’autres termes, nous sommes actuellement en plein dans l’œil du cyclone, soit le calme avant la tempête. Scientifiquement et théoriquement parlant, il n’y a jamais rien à craindre dans l’œil du cyclone : il y a du soleil, il fait beau, il n’y pas de rafales de vent, bref, c’est Alice aux pays des merveilles. Mais contrairement aux néophytes qui croient que tout est fini, les experts sauront que le pire reste encore à venir et qu’il faudra s’y préparer sérieusement. C’est ce qui se passe actuellement dans la Capitale. A propos du conflit entre la Présidence et l’Assemblée nationale, certains disent que les députés se sont résignés, que tout est réglé parce qu’ils ont repris les séances plénières ; à propos d’Air Madagascar, les dirigeants croient que la grève ne va pas aller loin parce qu’ils ont directement sanctionné les meneurs même si ces derniers étaient des délégués ou membre de syndicats. Pourtant, contrairement à ce que beaucoup peuvent penser, il faut s’attendre au pire et les députés, tout comme une importante faction politique, ont déjà averti à plusieurs reprises qu’ils ne s’arrêteront pas là quant à la déchéance du chef de l’Etat. Du côté de la compagnie aérienne nationale, les employés ont déjà affiché leur envie de monter au créneau et d’intervenir au niveau international pour en découdre avec leurs dirigeants. Vraisemblablement, même si les mouvements pourraient s’estomper un peu en ce début de semaine grâce ou à cause du 26 juin, ce ne serait que partie remise pour les protagonistes.

Laza Marovola