Mission impossible : lorsqu’il tombe à verse par temps d’orage, comment traverser une cour d’à peine 10 mètres sans abri et rester à sec sans être trempé ? Telle se présente l’image qui illustre le challenge, qui attend tout agent de l’Etat civil ou militaire. Toute une carrière sans se mouiller avec le pouvoir politique, ce dernier ayant vocation à un passage éphémère, ça représente une performance particulièrement dans le système en pratique. 
Ceux que l’on qualifie de carriéristes ne résistent pas toujours aux chants des sirènes, et pourtant que d’appels très appuyés que difficiles à contourner sollicitent un engagement politique des agents de la fonction publique. Les fonctionnaires, civils et militaires, ont pourtant vocation à une neutralité politique dans l’exercice de leur fonction, mais une fois encore le déficit de culture politique que favorise l’abandon d’idéologie dans la pratique, conduit les gens au pouvoir à recourir à des improvisations que revêt d’une apparence technique la collaboration des agents de l’Etat spécialisés dans leur domaine respectif. La conduite des affaires publiques requiert nécessairement une orientation qui inspire et donne une harmonie de l’action gouvernementale, et le pouvoir politique dispose de l’autorité sur l’ensemble de l’administration pour appliquer sa politique dans la réalisation des actions qu’il initie et conduit. Le principe d’une neutralité politique des agents de l’administration publique dans l’exercice de leur fonction, et la disposition de ces mêmes agents pour la réalisation de l’action gouvernementale à leur poste respectif soulèvent de prime abord une contradiction : politiquement neutre dans un rôle au service d’une action éminemment politique. Toute une nuance qui rejette l’idée parfois émise concernant l’idéal d’une formation de gouvernement de techniciens. Des responsabilités différentes exercées dans un esprit différent entre la charge d’un ministère et le rôle d’un haut fonctionnaire. A chacun la noblesse de sa fonction à condition que les aristos ne se dévalorisent en se chevauchant les uns sur les autres. La mêlée entre carriéristes et arrivistes tend à devenir confuse tant une classe de fonctionnaires toujours civils autant que militaires a jeté de passerelles et de tunnels entre carrière administrative et l’exercice d’intrigue politique. Il est de bonne guerre peut-être de lever un carton jaune ou rouge par le seul fait de son état d’homme d’église, à l’endroit d’un pasteur qui manifeste la menace de se porter candidat, pour être à l’abri de critique cette rigueur exige qu’elle se manifeste sans plus de tolérance pour des prises de position où l’on mélange les rôles avec joyeuseté et insouciance parfois l’une et l’autre emplies d’insolence.

Léon Razafitrimo