A deux jours de la célébration de la fête nationale, les organisateurs ont annoncé que tout est prêt notamment les diverses festivités pendant la célébration. Plus de 2 000 invités vont assister à la fête, les éléments de force de l’ordre sont prêts à défiler, la ville est embellie par des jeux de lumières, La Commune urbaine d’Antananarivo de renforcer le personnel pour assainir la capitale, de nombreux stars nationales vont animer les jours à venir, les marchands de lampions envahissent les rues… tout semble parfait pour le 55ème anniversaire de l’indépendance de Madagascar. Mais la réalité en est autrement. Depuis 55 ans, Madagascar ne cesse de reculer en termes de développement. Le Général Désiré Ramakavelo de souligner que la mauvaise gouvernance en est surtout la cause. En effet, l’anniversaire de l’indépendance a beau être fêté mais il ne faut pas non plus se voiler la réalité. Après 55 ans d’indépendance, Madagascar est dans l’extrême pauvreté et risque de ne pas s’en sortir si la situation ne s’améliore pas. Une amélioration qui requiert une forte conviction des dirigeants et une politique de développement et de gestion efficace, un grand changement de la pratique politique visant à prioriser l’intérêt national.

 Comment la situation de Madagascar évolue-t-elle depuis ces 55 ans d’indépendance ?

Dans les années 60 et 70, Madagascar faisait référence dans plusieurs domaines, en Afrique. Les malgaches  vivaient  harmonieusement. Les soins médicaux étaient gratuits et je me souviens très bien qu’à l’époque, la valeur de l’ariary était deux fois plus chère que celle de la monnaie française. Aujourd’hui, ceux qui ne disposent pas de moyen ne peuvent s’offrir de soins  médicaux, plus de 90% des malgaches sont pauvres, l’euro s’élève actuellement à plus de 3 000 ariary. A l’époque, il n’y avait pas encore d’universités à Madagascar et les jeunes étaient obligés de poursuivre leurs études à l’étranger. Ils étaient parmi les meilleurs et représentent une grande fierté pour le pays. Aujourd’hui, le niveau d’études des jeunes sont à plaindre et beaucoup ont du mal à trouver du travail. Des indicateurs qui confirment en effet la régression de Madagascar. La croissance économique devrait être multipliée à 3 000 pour atteindre le même niveau de celui des années 60.

Pourquoi une telle régression ?

Le problème émane surtout d’une mauvaise gouvernance. Les dirigeants n’ont pas été formés à gouverner. La situation actuelle en témoigne largement. C’est seulement au pouvoir que le groupement politique se forme. Un groupement qui ne dispose d’aucune politique de développement ou de gestion, d’aucune idéologie, une équipe compétente pour mieux définir les projets à mettre en œuvre…  La défaite du gouvernement n’est pas à remettre en question étant donné ses dérives. Madagascar est pourtant un pays riche mais avec une population considérablement pauvre. Les pays arabes n’ont que le pétrole comme richesse mais leur population a réussi à cultiver sur une ile déserte. Les dirigeants priorisent la population arabe et cette dernière de toucher un salaire largement supérieur à celui des étrangers. La situation est inversée à Madagascar. Les étrangers sont  rémunérés  10 fois plus que les malgaches. Une négligence qui ne permet pourtant pas d’avancer.

 Comment la population pourra- t-elle agir pour changer justement la situation ?

Avant tout, il est important d’admettre que la population reste majoritaire quoi qu’il en soit. Les citoyens, notamment ceux ayant  18 ans révolus,  ont le droit de voter et de se porter candidat. Mais ces droits sont des emprunts et de ce fait, il faudrait les payer. La Constitution stipule par exemple que tout citoyen est obligé de s’inscrire dans la liste électorale, de voter… c’est  même un  devoir de citoyen. Ceux qui n’ont pas honoré ce devoir  n’ont pas à critiquer les dirigeants. Mais la Constitution souligne également que tout dirigeant ne parvenant pas à effectuer comme il se doit son travail est passible d’une motion de déchéance. C’est valable pour toute institution existante. La Constitution donne le droit au Président de la république de dissoudre l’Assemblée nationale en cas de défaite. La population n’a pas besoin de descendre dans la rue pour revendiquer quoi que ce soit, il suffit de se référer à la Constitution et de l’appliquer comme il se doit. Mais ce qui est important à prendre en compte, les dirigeants sont là parce que la population leur a prêté pouvoir, une population qui est en parfait  droit de l’ôter en temps voulu. Le pouvoir appartient au peuple et non au Président de la république.

Pour la célébration de la fête de l’indépendance, hisser le drapeau chez-soi est il important ?

Le drapeau national, l’hymne nationale et les forces armées constituent les trois valeurs qui marquent la souveraineté de l’Etat. Ceux qui décident de ne pas hisser le drapeau pour honorer l’indépendance sont d’une mentalité colonisée et non indépendante.

 Mais Madagascar est-elle vraiment indépendante parce qu’on parle toujours d’ingérence de la Communauté internationale ?

Une fois entré dans la mondialisation, Madagascar ne peut pas se passer de la communauté internationale. Mondialisation veut dire le monde pour tout le monde, ce qui explique en effet son intervention dans plusieurs domaines.

 Propos recueillis par Ralambomamy et Vahatra Ny aina