A l’heure actuelle, toutes les occasions sont bonnes pour les pro-régimes de s’en prendre à l’Assemblée nationale après que plus de la majorité des députés ont osé se liguer pour la déchéance du président de la République.

C’est donc au tour de la Primature de Jean Ravelonarivo de s’attaquer au Palais de Tsimbazaza en accusant le bureau permanent d’être la cause de l’échec de la lutte contre le trafic de bois de rose dans la mesure où l’Assemblée nationale a ajourné l’adoption du projet de loi portant création de la chaîne spéciale de lutte contre le trafic de bois de rose et/ou de bois d’ébène. Cette accusation gratuite de la Primature n’est pourtant pas fondée parce que la lutte contre ce trafic ne se résume pas qu’à une chaîne spéciale. Si le gouvernement ou même la présidence avaient une volonté réelle de mettre fin au trafic, ils n’auraient pas attendu une année et demie pour proposer un projet de loi qui n’empêchera même pas les trafiquants de continuer leur business. Le gouvernement affirme dans un communiqué avoir fait de cette lutte son combat-phare mais jusqu’ici, ça ne reste que des mots. C’est donc tout à fait normal qu’il se jette sur la première occasion qui se présente pour accuser les autres de son échec flagrant.

 Tolérance zéro, résultat zéro

La population a entendu parler de la politique de « Tolérance zéro » depuis le gouvernement de Kolo Roger et aujourd’hui encore avec le gouvernement Jean Ravelonarivo qui a même tapé du poing pour se faire comprendre. Hélas, la tolérance zéro dans le domaine de la lutte contre le trafic de bois de rose n’est pas si efficace que les dirigeants veulent le faire croire. Jusqu’à aujourd’hui, il n’y a toujours pas de résultats concrets comme l’arrestation de grands bonnets pourtant officiellement connus grâce à internet mais surtout grâce à la fameuse liste de Beriziky qui n’a vraisemblablement aucune importance pour les tenants actuels du pouvoir.

Par ailleurs, c’est l’actuel gouvernement qui a laissé le bateau Min Feng s’échapper librement alors qu’il avait été repéré en flagrant délit de chargement illégal de bois rose. Hier encore, un quotidien de la place a rapporté que des envoyés spéciaux du gouvernement prenaient personnellement en charge l’exportation de plusieurs rondins de bois de rose qui étaient enfouis dans le sable de Maroantsetra. Le gouvernement Ravelonarivo n’a aucun résultat probant concernant la lutte contre le bois de rose et ce n’est donc pas étonnant qu’il cherche quelqu’un à accuser dans la mesure où les partenaires techniques et financiers de Madagascar ont déjà engagé des sommes importantes dans ce domaine mais ayant juste aidé certains à s’enrichir très vite.

Dernièrement, la Banque mondiale a octroyé 4 millions de dollars au ministre de l’Environnement qui n’a toujours pas officiellement rapporté l’utilisation réelle de cette somme. Pour s’ôter toute responsabilité de cette affaire, la primature a pris le soin de préciser dans son communiqué que la lutte contre le trafic de bois de rose était l’affaire de tous, que le bureau permanent de l’Assemblée nationale est donc en train de mettre en échec.

Laza Marovola