Les petites opérations de séduction ne sauraient plus suffire, ce que les différentes tendances qui se partagent le pouvoir n’ont pas réussi jusqu’à présent dans l’espoir de conquérir le cœur des électeurs ne saurait être compensé par quelques manœuvres dégageant un parfum de populisme. Cette réserve ne leur interdit pas pour autant de montrer ce qu’ils ont dans le ventre. De toutes façons quoi qu’ils entreprennent, ou à l’inverse de quelque manière qu’ils s’abstiennent, leurs adversaires trouveraient toujours matière à déverser les plus acerbes critiques, et réciproquement faut-il préciser.
Dans cette configuration il leur appartient de dépasser le niveau médiocre des escarmouches, une lapalissade rappelle que les minuscules échafaudages de petites improvisations ne suffisent pas à prendre de l’altitude. Certes on n’attire pas les mouches avec du vinaigre, mais spectaculaires gesticulations et belles paroles n’empêchent pas de voler bas. Tout un art qui invite les uns et les autres à se débarrasser des travers et à sortir des ornières dans lesquelles ils se sont complus à barboter hier comme aujourd’hui. 
Le changement que la population réclame concerne évidemment le comportement des gens du pouvoir, en ce domaine rien de significatif n’est parvenu à convaincre l’opinion que l’on s’achemine dans cette voie. Difficile évidemment de résister aux « bonnes » mauvaises habitudes vers lesquelles fait pencher un « instinct » mû par un égoïsme culturel. Le public ne s’y tromperait pas, le moindre frémissement d’une inclination à faire honnêtement amende honorable ferait spectacle et provoquerait un tonnerre d’applaudissements, lire : averse de suffrages dans les urnes. On n’en est pas encore là, simple mirage suppositoire. 
L’autre face du changement attendu, davantage réaliste et réalisable, concerne la restauration d’un espoir raisonnable en un développement. Le développement ne se construit pas avec des bouts de ficelles, des poncifs entendus par-ci par-là que l’on met bout à bout, et dont les copains applaudissent le banal discours bâti sur des compilations, comme s’ils accueillaient une œuvre tout à la fois aussi originale que géniale. Il n’en demeure pas moins que l’opinion attend des réponses simples à des questions élémentaires parfois alimentaires se rapportant à des problèmes concrets. Rien qu’un exemple permet de prendre la dimension d’une application de la sagesse qui enseigne que gouverner c’est aussi prévoir, penser à la manière et aux moyens pour répondre aux nécessités des réalités de demain. 
Nombreuses personnes vivent les affres d’une circulation étranglée aux portes de la capitale, particulièrement le matin pour y entrer et en fin de journée pour en sortir. Pire que maintenant personne n’ose y penser, alors que tout le monde sait que ça ne peut aller qu’en empirant. Jusque-là aucune voix politique majeure n’a informé le grand public sur une pensée sérieuse portant sur une vision crédible pour apporter un remède énergique à l’asphyxie annoncée d’Antananarivo. Des projets à la va-vite se perdant dans des détails ne parviendraient pas à noyer le poisson et n’auraient de résultats qu’à cristalliser les critiques que méritent les promesses fallacieuses, sur des sujets qui promettent pourtant d’être porteurs si on les traitait raisonnablement : tout autant sans naïveté puérile que sans intention d’infantiliser le public.

Léon Razafitrimo