Prévue débuter hier, la mission qu’aurait dû diriger l’ancien chef de la diplomatie mozambicaine n’aurait pas lieu, du moins dans le court terme. Selon un communiqué du Bureau de liaison de la Sadc, suite aux consultations entre le Secrétariat de la SADC, le Bureau et les autorités de la Transition, « la visite de l’équipe de la médiation prévue se tenir à partir du 9 au 13 octobre 2012 a été remise à une date ultérieure ». Certes, le communiqué semble laconique mais il est révélateur de la surprise provoquée par la décision de la Troïka de dépêcher dans l’Ile une mission qui, semble-t-il, n’a pas été prise d’une manière concertée, du moins avec les responsables transitoires.
En effet, la décision a été prise entre deux seules entités, la Troïka et le médiateur en chef de la Sadc dans la crise malgache. Et si on se fie au communiqué d’avant-hier, cette mission aurait été un nouveau cycle de consultations qui devrait aboutir à un accord, un accord qui amenderait certaines dispositions de la Feuille de route. Or, le Président de la Transition a déjà explicité qu’il n’est plus disposé à conclure un autre accord autre que le document signé le 17 septembre 2011. Le Bureau de liaison en est conscient, lui qui est en contact permanent avec les réalités malgaches et les jeux politiques locaux. Conscient que les consultations qu’il aurait dû mener seront difficiles, Leonardo Simao a préféré accepter l’idée du report de la mission.
Par ailleurs, ce retour en grâce de Leonardo Simao signifie également celui de Joaquim Chissano. Or, les actions menées par l’ancien chef de l’Etat mozambicain dans le cadre de sa médiation ont eu des résultats plus que mitigés. Ce report constituerait donc un certain désaveu à son encontre : les autorités transitoires auraient pu signifier à la Sadc qu’un retour dans la médiation de Chissano constituerait un danger pour la réussite du processus de sortie de crise et notamment de la mise en œuvre de la Feuille de route.

Troïka

Dans tous les cas, cette décision de reporter la mission constitue une donne politique importante. En effet, la Troïka n’aurait pas été directement concernée par la concertation sur cette mission de Simao. Celle-ci a été décidée entre trois entités, le Secrétariat de l’organisation, le Bureau de liaison et les autorités transitoires. Or, la Troïka est l’entité la plus importante quand il s’agit de questions politiques et donc de la résolution des crises qui affectent les pays membres. Cela pourrait constituer un « impair diplomatique » qui pourrait être lourd de conséquences. D’autant que contrairement au Secrétariat général dirigé par Salomao, la Troïka est dirigée par un chef d’Etat. En tout cas, si cette structure n’a pas été directement associée à ce report de la mission de Simao en terre malgache, la médiation internationale pourrait connaitre d’autres crises susceptibles de nuire au processus de sortie de crise dans le pays.

L. Denis Alexandre