Après l’annonce du report sine die de la mission qu’aurait dû effectuer à Madagascar Leonardo Simao, les prises de position se multiplient. D’une manière générale, elles dénoncent le manque de leadership de la part de la médiation internationale et appellent aux médiateurs nationaux à prendre le relai. En effet, certaines personnalités et entités politiques voient dans les deux décisions d’envoyer puis de reporter la mission comme l’expression de son impuissance à régler les problèmes de sortie de crise.
Ainsi, pour Fetison Rakoto Andrianirina, ces deux événements sont perçus « comme un abus de la patience du peuple malgache et met définitivement à mal un dispositif de médiation internationale dont le sérieux, la crédibilité et la fiabilité sont désormais en cause ». Il estime en effet que « ni l’ensemble de la population, ni les partenaires de Madagascar, ni l’opinion publique internationale, et ni une certaine communauté internationale, pourtant prompte à se draper dans ses certitudes devenues par trop condescendantes, ne peuvent accepter ce qui apparaît désormais comme un aveu d’inaptitude devant la complexité de la tâche ». C’est la raison pour laquelle le nouveau Président du PSD pense qu’il est « venu le temps où les Malgaches sont en droit de prendre en main leur propre destin, aujourd’hui plus qu’avant ».
D’une manière générale, les partisans de l’ancien chef de l’Etat ne sont pas très favorables à cette mission pour la simple raison qu’ils y décèlent une autre tentative d’empêcher Marc Ravalomanana de faire son retour au pays et d’être candidat aux prochaines élections présidentielles. Pour eux, c’est la mission d’évaluation des risques d’instabilité qui doit être envoyée dans les meilleurs délais et non pas une mission de négociations.

Troïka

Du côté des proches d’Andry Rajoelina, l’objectif même de la mission est inquiétant. Ainsi, du côté de l’AKFM, il soutient que celle-ci ne doit plus avoir lieu car elle risque de brouiller encore plus les cartes et d’allonger plus qu’il n’est nécessaire la période transitoire. Pour ce parti, l’essentiel reste l’organisation des élections et le respect du calendrier électoral défini par la Ceni-T. Les entités soutenant le mouvement populaire de 2009 s’alignent donc sur la position du Président de la Transition qui a déjà exprimé sa position lors de sa récente rencontre avec la présidence de la Ceni-T. A l’époque, il a souligné qu’un autre accord politique ne serait plus possible et que le plus important pour le pays est de réussir le processus électoral.
Vu sous ces angles, force est donc de constater que pour toutes les parties prenantes à la Feuille de route, une autre mission outre que celle d’évaluer les risques d’instabilité ne serait plus la bienvenue. Une telle perspective laisse entrevoir les difficultés qu’aura la Troïka sous la présidence tanzanienne de mener sa médiation dans la crise malgache.

L. Denis Alexandre