Il n’est de richesses que d’hommes, a-t-on l’habitude de marteler lorsqu’on parle de développement durable et équitable. Cependant, sans éducation, cette richesse pourrait devenir un frein au développement. Un fardeau pour les familles et classes moyennes, une source inépuisable à exploiter inhumainement pour les plus avides. Conscients de cette réalité, des parents suent sang et eau pour scolariser leurs enfants malgré les difficultés y afférentes. Ainsi, peu importe le niveau de l’éducation, du cycle primaire en passant par le secondaire jusqu’aux études universitaires, la rentrée constitue toujours une période riche en émotion tant pour les parents que pour les élèves. La classe politique, la machine administrative, ainsi que le secteur économique n’étant pas également en reste, ils y trouvent une opportunité pour faire valoir leurs intérêts respectifs. Et à côté des intérêts de chaque secteur en ce qui concerne l’éducation, celle-ci constitue le moyen le plus sûr pour obtenir de la main-d’œuvre efficace, efficiente, abondante et un creuset de classe intellectuelle constituant les artisans du développement harmonieux d’un pays.

Angoisse des parents

Se séparer de la chair de sa chair ne constitue pas une chose aisée pour les parents même si c’est au nom d’une cause noble qu’est l’éducation. Chaque rentrée scolaire constitue de ce fait une source d’angoisse pour les parents. Le choix de l’école, l’achat des fournitures scolaires, la sécurité des enfants sur le chemin de l’école (aller et retour) et à l’école même sont des sources d’inquiétude et de crainte pour les parents d’élèves. Mais outre les questions de logistiques et de matériels, d’autres facteurs sont à l’origine de cette appréhension bien connue de tout parent d’élèves. Effectivement, même s’ils sont moindres, les risques de kidnapping et de viols, pour ne citer que ces deux là, sont bien réels. Les cas rapportés par les médias sont là pour en témoigner. L’assurance d’une sécurité maximum, notamment pour les tout-petits relève ainsi d’une responsabilité partagée par les responsables des établissements scolaires, les parents, ainsi que les autorités étatiques.

Redorer le blason de l’Administration

Dans un système étatique où tous les rouages administratifs sont bien huilés, la rentrée scolaire constitue une occasion pour conquérir ou recouvrer la confiance de chaque citoyen notamment les parents d’élèves. Effectivement, de nombreux départements ministériels sont touchés par cette rentrée scolaire, elle ne constitue pas un domaine réservé des seuls ministères de l’Education nationale, de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle, ainsi que du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Le ministère de l’Intérieur, le ministère des Affaires étrangères, le ministère de la Sécurité intérieure, le secrétariat d’Etat chargé de la Gendarmerie nationale, le ministère des Transports ont tous leur rôle à jouer à cette occasion.

Occasion de se rapprocher des agents de l’Etat

Outre les festivités du 26 juin et la célébration du Nouvel an, la rentrée scolaire constitue une grande occasion pour les responsables étatiques, notamment les ministres, de se rapprocher des agents de l’Etat. Même si peu nombreux sont les ministères qui effectuent ce genre d’action sociale, il est quand même ceux qui octroient des fournitures scolaires à chacun de leurs agents, parents d’élèves. L’idée étant d’alléger un tant soit peu les charges des ménages en cette période difficile où l’argent fait défaut pour le citoyen lambda et pour lesquels, le revenu mensuel peine déjà à couvrir les dépenses au quotidien.
 
Commerce florissant

Au cours de leur période d’activité, la rentrée scolaire constitue une aubaine pour les entreprises et commerçants spécialisés dans la vente de fournitures scolaires. Ceux-ci peuvent en effet écouler de nombreux produits dans une période relativement courte, augmentant ainsi leurs bénéfices. Outre les réductions de prix, les braderies sont également monnaie courante afin d’encourager les parents d’élèves à dépenser plus pour l’avenir de leurs enfants. Effectivement, que ce soit dans le domaine des fournitures scolaires ou du secteur du textile, chacun y trouve son compte. Toutefois, des plaintes ont été émises par des revendeurs agréés qui doivent désormais partager leur clientèle avec les commerçants informels. Les premiers déplorent notamment le fait que ces commerçants ambulants ne vendent des fournitures scolaires que durant la période de rentrée avant de changer de marchandises alors qu’eux se spécialisent en fournitures scolaires et la rentrée constitue la principale occasion où ils peuvent les écouler en grande quantité.

Importations sauvages

Peu de temps avant la période de rentrée scolaire, l’on constate une inondation des marchés par des produits et fournitures importés. Le caractère peu concurrentiel de nos entreprises locales en la matière rend celles-ci désavantagées par rapport à ces marchandises en apparence de bonne qualité et à des prix relativement raisonnables. On peut même dire que l’essentiel des fournitures et matériels scolaires en vente sur nos marchés proviennent de l’importation. Or, il s’avère que certaines de ces marchandises ne sont pas sans risque sur la santé de leurs utilisateurs sur le long terme. Car si à l’étranger, ces dernières font l’objet d’une sélection rigoureuse par les autorités et par les consommateurs eux-mêmes, la notion de tri est encore méconnue chez nous.

Micro-finances

Malgré les difficultés ainsi que les dépenses occasionnées par la scolarité de leurs enfants, nombre de parents malgaches ne baissent pas les bras pour autant. Cherchant le meilleur pour leurs progénitures, convaincus que l’éducation est l’une des voies les plus sûres pour y parvenir, ils mettent tout en œuvre pour pouvoir assurer la scolarité de ces dernières aussi loin qu’elles puissent aller et qu’ils puissent financer. C’est ainsi que certains parents n’hésitent pas à s’adresser aux établissements de microcrédits pour emprunter de quoi payer les fournitures, ainsi que les frais scolaires de leurs enfants. D’ailleurs, certains établissements bancaires ont inventé les prêts pour la rentrée à des taux plus ou moins raisonnables.
 
Des embouteillages monstres

Le début d’exacerbation des embouteillages coïncide avec la rentrée scolaire. Durant les vacances ou bien les week-ends, l’on constate une certaine fluidité de la circulation notamment dans le centre-ville. Mais une fois que les élèves reprennent le chemin de l’école, l’on enregistre un accroissement vertigineux de l’intensité des embouteillages. Sur certains axes, la fameuse heure de pointe commence très tôt le matin, se poursuit en début d’après-midi, reprend vers 16 heures pour ne s’arrêter que vers 20 heures voire au-delà.
 
Actions sociales et précampagne électorale

Cette période préélectorale constitue le meilleur moment pour les politiciens de s’adonner à la pratique très controversée des propagandes précoces. Se cachant derrière des actions caritatives, ceux qui ont l’ambition de briguer des mandats politiques effectuent de nombreuses tournées dans les Régions. Si apparemment ils offrent des fournitures scolaires, cela ne les empêche pas pour autant de faire un clin d’œil à l’endroit des électeurs outre la redynamisation des membres de leurs partis. Les politiciens ne cachent plus leur propagande derrière des œuvres sociales déguisées, un fait contre lequel on ne peut rien faute de lois électorales suffisamment précises.